15 janvier 2009

CHE Invisibles Questions !!!



Ché, le dernier film de Steven Soderbergh m’a laissé dans un état avancé de perplexité. Il dresse l’interminable parcours du Ché dans la jungle cubaine comme une réponse à d’invisibles questions. Ce film m’a complètement torturé tant je n’en comprends pas les enjeux et tant je n’ai pas pu me laisser emporter par la dialectique forcené que nous impose Soderbergh avec ces ridicules aller-retour à New York en noir et blanc. Parce que tout d’abord cette esthétique impose une justification de l’existence du film et dresserait une question invisible dont le film est la réponse : Comment était Ernesto Guevara au quotidien en opposition avec l’image publique et médiatique de lui même que tout un chacun est censé connaitre ? Premier problème : victime de ma propre ignorance et de mon éducation française à l’histoire : je ne connais rien mais alors rien sur le Ché. Et je me défends de toute victoire de la médiocrité, assumée parfois par notre génération. Alors ce contrepoint ne vient justement en contrepoint de rien pour moi, et pour beaucoup sans doute. Je ne peux même pas alors dresser mentalement la finesse de la proposition de Soderbergh car elle n’est le contre champ éclairant que d’un champ vide. Et ce ne sont pas ces discussions sur stylisé en n&b avec une journaliste et son discours à l’ONU qui vous apporteront la moindre explication. En revanche ses scènes continuent d’ancrer l’homme dans la légende dans son panache, son mystère, etc.… bref une approche superficielle. En outre mise à part les deux trois questions posées par la journaliste rien ne relie ses scènes à la progression des rebelles dans la forêt cubaine, n’y serait ce la certitude que semble avoir Soderbergh à les juxtaposer. Je suis frappé par la confiance que cet homme à en lui-même (Steven S.) tant il semble sur de l’endroit où il nous emmène. Ensuite, s’il est clair que le film dresse un portrait du Ché en choisissant une toute petite partie de sa vie c’est qu’elle doit surement contenir les éléments clefs permettant de le comprendre. Rien n’est moins sur tant le film n’est pas psychologique à l’égard du Ché, on n’apprendra rien de ce qu’il pense, de ce qu’il est, vous avez sous votre nez pendant deux heures un individu dont vous ne connaissez rien, d’une impassibilité monstrueuse et ne comptez pas sur Soderbergh pour vous expliquer quoi que ces soit; ni la réalité géopolitique historique, ni le personnage !!! Et puis il y a aussi Fidel Castro, alors Soderbergh nous dit que Guevara était son bras droit pour mener la révolution cubaine. On se demande alors si la thèse du film n’est pas de nous montrer les coulisses de cette révolution. Castro est tellement repoussé dans le fond que la révolution semble menée par le Ché. Encore une fois on aimerai savoir que dit l’Histoire et on reste là à supposer.

Le problème des invisibles questions que l’on peut analyser (ou pas) c’est qu’elles ne correspondent pas aux attentes du titre ou du projet, mauvais spectateurs que nous sommes, nous avions des questions simples dont nous désirions que le film nous réponde. Qui était le Ché? Quel est son parcours? Quel homme était-il ? Vous n’en serez rien car le film ne répond pas à ses questions mais à d’autres que Soderbergh s’épargne de nous exposer, d’aucune manière que ce soit. Pire encore le film nous emmènes à nous en poser d'autres dont nous n'aurons pas non plus les réponses? Qui étaient Fiedel Castro et Ernesto Guevara? Pourquoi un argentin fait-il la révolution à Cuba? Paresseux spectateur que nous sommes il va falloir réfléchir par vous-même et bucher vos classiques les enfants. Ce qui est aussi sidérant avec ce film ce qu’on en apprend plus dans les critiques qui lui sont faites qu’avec le film lui-même, peut-être incomplet en soit ? J’ai du me jeter sur Le Masque et la plume, Les Cahiers du cinéma, Libération, pour vérifier que je n’étais pas seul dans ma perplexité. J’ai retrouvé nombreuses de mes pensées dans l’article de Libé à lire ici Le Ché fait pshiit (puisse en témoigner mon amie C. à la sortie de la salle). Au Masque et la Plume en revanche je suis partagé entre les deux extrêmes : la reconnaissance de la vacuité du film (Xavier Leherper) ou les réponses subtiles de questions sur le Ché, invisibles à mes yeux mais pas à ceux de la journaliste Sophie Avon qui m’interpelle: pour elle le filme montre la fragilité des corps, des idéologies et réponds aux questions suivantes: Comment le Che va devenir l'homme qu'il a été? Pour elle le film dresse un portrait de la complexité de cet homme qui fut un aussi un tueur. Pour Eric Nehoff la question serait: Comment montrer la guerrilla?


Hasard extraordinaire j'ai regardé le jour suivant Bananas de Woody Allen, son deuxième film, qui dans son genre raconte aussi l'arrivée d'un intellectuel dans un pays d'Amérique du Sud qui se retrouve malgré lui leader d'une révolution et responsable des exécutions, il fait lui aussi son voyage à New York avant d'être démasqué.

Hilarant


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