20 juillet 2009

J'AI TUE MA MERE

Au secours, J'ai tué ma mère de Xavier Dolan est exaspérant au possible
une sorte de Tarnation québécois mais en fiction où un jeune garçon
(homosexuel) a des forts problèmes avec sa mère.
Écrit à 17 ans réalisé à 19, Dolant été révélé comme le prodige de Cannes 2009 en revenant avec 3 prix. Le héros à 16 ans il vit seul avec sa mère et il la déteste, la hait de tout son coeur, tout en elle l'exaspère, simple maux de l'adolescence ou schéma familiale "extra-ordinaire", histoire particulière ou universelle? Tout le problème est là je n'y vois qu'une histoire particulière où le trauma du père absent et la crise d'adolescence rejaillissent sur la mère alors que le film semble dire: tout le monde a vécu ça! tout le monde a voulu tué sa mère! et bien non! Mon identification à l'histoire est proche de zéro et tout ce qui est conté relève pour moi de l'exotique son universalisme est d'une prétention crétine. Cela dit le film reste plaisant l'actrice qui joue la mère est extraordinaire malgré deux lourdeurs: les plans travelling à la Wong Kar Wai et les monologues "confessions intimes" dans la salle de bain filmé en DV. Après le témoignage sur la vie d'un ados homo est beaucoup plus intéressant que cette haine injustifiée envers sa mère.

FAIS MOI PLAISIR !

La dernière coquetterie d'Emmanuel Mouret est une nouvelle déclinaison des précédents films du réalisateur qui déjà dans sa jeune carrière utilise quasiment le même sujet à chaque film: la rencontre homme-femme, la fidélité-l'adultère... Un cinéma déjà maniéré mais maitrisé Fais moi Plaisir... (..trompe moi lui demande son amante) est un hommage ouvert à The Party avec Petter Sellers où le héros se retrouve dans une soirée bigarrée chez la fille du président de la république qu'il a rencontré dans un bar: improbable et absurde c'est tout le sel du film. Le duo Emmanuel Mouret/Frédéric Bel revient pour la troisième fois pour encore plus de maladresses de burlesques et de quiproquos et c'est bon!






GO GET SOME ROSEMARY

Deuxième long métrage des frères Safdie qui avaient présentés leur premier film l'année dernière à Cannes , The Pleasure of being robbed. Comme l'année dernière ils étaient à la Quinzaine des Réalisateurs. Tout le monde ne jure plus que par eux: éloge dans les Cahiers du Cinéma... etc. On compare les frères au meilleur des années 70 dans le cinéma indépendant américain: Cassavetes, rien de moins. Ils provoquent l'enthousiasme sur leur passage et sont extrêmement disponible, cinéphiles dévorant d'énergie ils parcourent le festival en long en large et en travers. Pas moins de six connaissances m'ont affirmé être très proche des frères Safdie pendant le festival, leur magnétisme semble irrésistible. J'avais moi même discuté avec eux en 2008 dans la nuit qui suivait la clôture de la Quinzaine, grâce à la carte de visite de Benny qui le présente comme un vendeur j'avais pu découvrir leur site web RED BUCKET FILMS où des dizaines et des dizaines de courts métrages de leur collectif (quasiment tous fait par eux) y sont présentés.

Go Get Some Rosmery est une fiction autobiographique où les deux frères se replonge dans leur enfance à l'époque où leur père ne les voyait que quelques semaines par an. Un portrait d'un homme déchiré, d'un couple, d'une famille dans la moiteur de New York au début des années 90. La mise en scène très agitée, très semblable à du Cassavetes, saisit la vie avec une virtuosité épatante, mais fini par brouillée un peu l'estomac. Aussi, le schéma de descente aux enfers lasse vite, le père allant de gaffe en gaffe avec ses gamins. Mais le portrait reste émouvant, extrêmement sensible et juste. Un très beau film.

WHATEVER WORKS

Comme annoncé il y a quelques mois le 40 ième film de Woody Allen est sorti début Juillet. Comme d'habitude la critique aime jauger cette livraison annuelle comme un vin: bonne année, mauvaise année, cette fois ci c'est meilleur cru depuis 15 ans qui est sorti du chapeau. Et comme à chaque fois c'est toute son œuvre qui est repassée à la moulinette: ses récents Match Point et Vicky Cristina Barcelona ont donc été jugé moins bon à la lumière de ce dernier opus: exaspérante critique... La communication a été parfaite aussi, jugez plutôt: le scénario original daterait des années 70 lorsque Woody était au plus haut de sa carrière.

Whatever Works
s'avère extrêmement plaisant, la rencontre entre le héros dépressif et cette jeune idiote jouée par Rachel Evan Wood est hilarante. In fine, il s'agit d'une fable empreint de la sagesse du conteur pour la tolérance dans les relations amoureuses, tout est possible: une jeune et un vieux, une bourgeoise wasp avec un artiste new yorkais ainsi qu'un homme avec un homme, si ça marche!!

THE READER

Polémique dans les rédactions, Le Liseur serait un film obscène qui essayerai de nous rendre sympathique une ancienne nazie en évacuant ses crimes à l'écran et en créant une intimité avec le personnage. Adapté du best-seller du même nom, la polémique était déjà la même à la sortie du livre: on crie à l'incohérence historique, à l'impossibilité de certains détails du récit...

Peu importe The Reader est passionnant, il confronte un jeune allemand à l'héritage du nazisme d'une manière radicale et incarnée: lorsqu'il avait 16 ans, il a eu une liaison avec une femme qui s'avèrera plus tard être une ancienne nazie. Le principe de l'histoire étant de présenter cette femme premièrement comme une amante, objet érotique et attirant pour lequel l'adolescent va devenir fou amoureux avant la révélation de son passé. C'est donc l'expérience in-situ de cette découverte qui est proposée au spectateur et qui comme le personnage ressent alors révulsion et interrogations. Symboliquement il s'agit donc bien de voir comment un peuple (les hommes) survit avec les démons de son passé (leurs aïeuls). Du cas particulier, la résonance universel du problème est évidente et fascinante.

Le film propose alors une réflexion sur la nature du mal: l'idéologie nazie s'incarnait par des hommes et des femmes (des centaines de milliers d'individus) qui étaient des êtres humains. Si l'histoire interpelle c'est qu'elle pose des questions: Qu'est ce que le mal? Comment le reconnaître? Suis-je atteignable par lui? Et ébranle des convictions: l'idée d'un mal absolu, confiné au passé et visible. Ici on refuse une lecture manichéenne du passé, tout en reconnaissant tous les faits (qui sont donc évacués). Le Liseur prône donc pour une vision de Histoire (et donc de la nature humaine) plus complexe, plus subtile, comprendre le passé c'est comprendre l'homme. Le film est d'une teneur extrêmement classique et l'émotion n'est pas toujours au rendez vous (les séquences d'enregistrements des livres...), mais le récit reste plus fort que les faiblesses du film de Stephen Daldry où Kate Winslet excelle.