5 avril 2010

CINEMA BEST OF MARS


Après la balourdise de Scorsese, le Polanski venait à point nommer. Malheureux hasard pour Scorsese, les deux films ont des ressemblances superficielles mais troublantes qui forcent la comparaison: un homme arrive sur un île pour enquêter, et ce plan de début où un ferry arrive vers le rivage identique dans les deux films. La simplicité de la mise en scène de Polanski est d'une redoutable efficacité et provoque en moi un plaisir non retenu, une linéarité trompeuse, une clarté aveuglante. Et puis Polanski glisse ça et là une ironie mordante non soulignée (le ramassage des feuilles par les employés de la maison) des plus jouissive. L'écrivain nègre va "contre" son gré mener une enquête sur son prédécesseur des plus plaisantes. Un thriller dont les déambulations géographiques du personnage nous ramène à des ambiances hitchcokienne des plus inquiétantes. Un petit thriller qui fait réfléchir à bien des niveaux, mené d'une main de maître.



Malgré quelques chorégraphies réjouissantes: la scène de Pénélope avec le toboggan, la scène de Fergie avec du sable, ou la danse endiablée de Kate Hudson (même si sa robe lamée argent et le filmage nous fait penser à un clip de Beyonce) La mise en abîme d'un cinéaste non inspiré ne donne au spectateur aucune prise sur l'histoire et nous condamne à attendre les numéros de music-hall. La magie de Chicago est loin. L'utilisation de Sophia Loren et de Nicole Kidman est une honte, la première apparait comme un fantôme à peu près une minute trente et la deuxième comme une barbie n'est pas là plus de cinq minutes. Marion Cotillard en femme digne, me laisse plus indifférent que jamais.



White Material dégage une atmosphère indéniable, on semblerait toucher "l'Afrique" du doigt tellement la vision que Claire Denis nous propose nous semble juste, presque inédite ou du moins rare. Mais il faut s'accrocher avant d'entre apercevoir au bout de 25 minutes le début d'une narration, même si l'on apprend immédiatement que l'armée quitte le pays et que cette patronne d'une plantation de café refuse de partir, c'est l'abstraction qui synthétise le mieux le début du film. Claire Denis semble plus préoccupée à établir son atmosphère avec une grâce et un génie infinie qu'à entrainer le spectateur dans une histoire. Il y a donc une guerre civile et cette femme seule contre tous qui s'acharne à finir la récolte de café, l'armée partie, les civiles n'ont plus de protections et sont à la merci des rebelles. Son mari veut vendre le terrain, son fils devient fou, ses ouvriers partent... les dangers arrivent: des enfants soldats, un homme qui se cache dans la ferme, des barrages de rebelles. Si l'on suit le reste du film avec plus de facilité et que la violence du pays suinte par les pores de l'écran on reste interrogatif sur le but global de l'entreprise. Parler de l'Afrique ou suivre le parcours psychologique de l'héroïne? C'est évidement les deux mais le film me donne l'impression qu'on penche plus vers le second au détriment du premier. La fin quand elle, même si elle est symboliquement intelligente me parait tout à fait inappropriée (même ridicule) et dénote complètement le réalisme qui émanait de tout le reste du film.



Parler de la déportation homosexuelle pendant la deuxième guerre mondiale par des réalisateurs pour lesquelles j'ai une grand affection est une attention louable. Le résultat donne un petit film de chambre français légèrement grave. Catherine Mouchet à quelques fines répliques pour dédramatiser la situation "Qui n'a pas des petits problèmes avec papa, maman?? la révélation à l'ensemble de la famille par le grand père qu'il est homosexuel et fut déporté pour ça. S'en suit petit traumatismes et réconciliations pour les autres membres de la famille; bref de l'anecdotique pour un grand sujet, c'est dommage le sujet de la déportation est phagocyté par l'importance du secret de famille. Un drame familiale pas mauvais mais qui se met lui même hors sujet.

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