20 juillet 2009

THE READER

Polémique dans les rédactions, Le Liseur serait un film obscène qui essayerai de nous rendre sympathique une ancienne nazie en évacuant ses crimes à l'écran et en créant une intimité avec le personnage. Adapté du best-seller du même nom, la polémique était déjà la même à la sortie du livre: on crie à l'incohérence historique, à l'impossibilité de certains détails du récit...

Peu importe The Reader est passionnant, il confronte un jeune allemand à l'héritage du nazisme d'une manière radicale et incarnée: lorsqu'il avait 16 ans, il a eu une liaison avec une femme qui s'avèrera plus tard être une ancienne nazie. Le principe de l'histoire étant de présenter cette femme premièrement comme une amante, objet érotique et attirant pour lequel l'adolescent va devenir fou amoureux avant la révélation de son passé. C'est donc l'expérience in-situ de cette découverte qui est proposée au spectateur et qui comme le personnage ressent alors révulsion et interrogations. Symboliquement il s'agit donc bien de voir comment un peuple (les hommes) survit avec les démons de son passé (leurs aïeuls). Du cas particulier, la résonance universel du problème est évidente et fascinante.

Le film propose alors une réflexion sur la nature du mal: l'idéologie nazie s'incarnait par des hommes et des femmes (des centaines de milliers d'individus) qui étaient des êtres humains. Si l'histoire interpelle c'est qu'elle pose des questions: Qu'est ce que le mal? Comment le reconnaître? Suis-je atteignable par lui? Et ébranle des convictions: l'idée d'un mal absolu, confiné au passé et visible. Ici on refuse une lecture manichéenne du passé, tout en reconnaissant tous les faits (qui sont donc évacués). Le Liseur prône donc pour une vision de Histoire (et donc de la nature humaine) plus complexe, plus subtile, comprendre le passé c'est comprendre l'homme. Le film est d'une teneur extrêmement classique et l'émotion n'est pas toujours au rendez vous (les séquences d'enregistrements des livres...), mais le récit reste plus fort que les faiblesses du film de Stephen Daldry où Kate Winslet excelle.

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