12 avril 2010

SOLUTION LOCALES POUR UN DESORDE GLOBAL



Solutions locales pour un désordre global est un documentaire de Coline Serreau (oui: la réalisatrice de 3 Hommes et un couffin) sur les solutions pour sortir de l'agriculture intensive (la "révolution" verte). On pourrait penser à tort que Coline Serreau dont le dernier film remonte à 2005 surf sur la vague de l'écologie (Home, Le Syndrome du Titanic...) et c'est mal la connaître, elle avait déjà réalisé une fable écolo en 1996 La Belle Verte. Quand au genre du documentaire, son premier film en était déjà un en 1975. Trois ans de travail pour ce film où la technique du son et de l'image ont été jeté aux oubliettes pour se concentrer sur le propos.

Ce nouveau film n'est en aucun cas une liste de choses à faire pour éco-citoyens urbains. C'est d'abord un film sur l'agriculture pour les agriculteurs d'abord, pour les citoyens en général en suite. Le film est une mine d'informations, Coline Serreau interview aux quatre coins du mondes des ingénieurs agronomes, des spécialistes qui ont une toute autre idée de l'agriculture que celle qui est pratiquée à 90% sur la planète: l'agriculture intensive. Une introduction sur le(s) problème(s) de cette agriculture justement aurait été bienvenu avant cette longue liste de solutions où l'on finit bien par comprendre le problème de départ (pour les novices en agriculture). Coline Serreau commence son film comme la révélation d'un grand complot depuis 100 ans: l'agriculture intensive est née grâce à la première guerre mondiale où il fallait recycler les stocks de gaz moutarde qui sont devenus les premiers insecticides. Un film militant donc c'est évident mais peut être trop partisan, ne sont présent dans ce film que les "gentils": chercheurs responsables, ingénieurs visionnaires, vieilles dames sages, hommes éclairés, bénévoles heureux. Le monde de oui-oui contre ces cons d'agriculteurs, contre les multinationales, contre la complicité des états. Et pourtant j'adhère à toutes les idées présentées en échange d'une remise en question de ses connaissances personnelles sur l'économie, l'écologie, l'agriculture. Une véritable prise de conscience qui risque de ne pas être évidente pour tout le monde. On débouche entre autres sur ces nouvelles considérations:

-la relativité du bien fondé de la croissance
-l'inutilité et la contre productivité du labour
-l'inutilité des pesticides industriels pour des engrais naturels
-l'inutilité du nettoyage des mauvaises herbes
-le scandale des semences contrôlées par l'état
-la non autonomie alimentaire de la France
... etc, etc

Coline Serreau remet en cause tout un système et des habitudes qui sont malheureusement trop bien ancrées chez les agriculteurs qui doivent apprendre à repenser toutes leurs pratiques. Et pourtant le système est à l'agonie, le suicide des agriculteurs est devenu un phénomène mondial (200 000 suicides en Inde d'après le film) dont la cause est pour Coline Serreau l'agriculture intensive. Où le propos s'embourbe ensuite c'est qu'elle nous explique que la quasi totalité de la pauvreté en Inde ou dans le monde est le résultat de ce choix d'agriculture, un propos faiblement argumenté qui nous donne quelques minutes d'un montage hasardeux d'images de bidonvilles.

Mais le plus important est ailleurs: une autre agriculture est possible et elle nous montre toutes les initiatives autour du monde pour achever de nous convaincre. Éclairage intéressant, Coline Serreau révèle par ses interlocuteurs le caractère féminin de l'agriculture pour sortir de l'impasse: visionnaire.


1 commentaire:

Antoine Jean a dit…

merci pour cette artice ,ça donne envie d'aller le voir ! il est passé à limogneen quercy (46) la semaine dernière
YA...